FIGUREZ-VOUS... QU’EN DÉMÊLANT LES EFFETS CAUSAUX, ON MONTRE QUE L’AIDE INFORMELLE REÇUE À DOMICILE NE RETARDE PAS NÉCESSAIREMENT L’ENTRÉE EN INSTITUTION

Figure du mois de novembre

Marianne TENAND, économiste, s’intéresse au rôle de l’aide informelle (apportée par les proches) dans l’accompagnement de la dépendance des personnes âgées. Avec Julien BERGEOT, elle a testé l’hypothèse selon laquelle cette aide prolongerait le maintien au domicile. Car sur cette base, l’idée de stimuler l’aide par les proches est souvent avancée pour réduire les coûts publics d‘un accompagnement en institution. Or, le lien de cause à effet reste à prouver.

Capturer l’effet causal entre aide informelle et maintien à domicile est complexe du fait de l’existence d’autres mécanismes ; notamment, via la mauvaise santé qui s’accompagne de plus d’aide informelle et accélère l’entrée en institution. Les méthodes à « variable instrumentale » permettent de relever ce défi : une telle variable est statistiquement reliée à la cause testée (être aidé), mais son lien avec l’effet (rester au domicile) passe exclusivement par son lien à la cause. Ici, c’est la proportion de filles parmi les enfants de la personne âgée qui est choisie : statistiquement, les filles ont une propension à aider plus élevée que les fils. La méthode est appliquée aux données issues d’un appariement entre une enquête néerlandaise auprès de personnes âgées et des données administratives renseignant sur leurs enfants, l’état fonctionnel, l’aide informelle reçue, les entrées en institution et les dépenses d’accompagnement de la dépendance et de la santé dans les trois ans.

Il ressort de cette étude, sur données néerlandaises, que l’aide informelle reçue, déclarée à l’enquête, réduit les dépenses d’hospitalisation et de soins de suite, mais ne réduit pas clairement la probabilité d’entrer en institution. Au contraire, elle l’accroît en cas de limitations sévères, de même que le recours aux aides professionnelles à domicile. L’option de favoriser l’aide informelle nécessite donc de comparer l’ensemble des bénéfices pour ceux qui la reçoivent et l’apportent, aux coûts qu’elle représente.

 

Marianne Tenand, Chercheuse au CPB Netherlands Bureau for Economic Analysis, et chercheuse associée à Erasmus School of Economics, Université Erasme de Rotterdam (Pays-Bas).

Julien Bergeot,  Enseignant-Chercheur, Ca' Foscari University of Venice

Références :

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