FIGUREZ-VOUS... que les personnes âgées ne se replient pas nécessairement sur l’espace domestique en vieillissant.

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À partir des échanges lors des entretiens et ateliers et des relevés habités, nous avons estimé, pour chaque individu, un niveau d’investissement des échelles d’habiter. Les échanges avec 55 participant·es ont nourrit la classification, et les 34 entretiens individuels ont été classés dans ces catégories. L’objectif était de faire ressortir l’équilibre d’investissement entre les différentes échelles. Nous avons également pris en considération d’autres éléments des récits de vie et des profils sociologiques pour interpréter et créer des groupes.

Viviane ANDRÉ, architecte et urbaniste, s’intéresse à l’adaptation de l’habitat existant, par des personnes vieillissantes, dans les petites villes et espaces ruraux. Elle observe la façon dont les habitant·es occupent et transforment leurs espaces de vie, en considérant plusieurs échelles : la maison, la parcelle, la rue, le village et le grand paysage. Ses travaux permettent notamment de compléter les théories du rétrécissement de l’espace de vie avec l'âge. Elle propose sept formes spatiales du vieillissement pour représenter la diversité du rapport aux échelles d’habiter. 
Pour ce travail, Viviane ANDRÉ s'est entretenue avec 55 personnes de 61 à 89 ans, propriétaires de maison individuelle, lors de 5 ateliers de cartographie collective et 21 visites à domicile.  Elle montre que certaines personnes s’investissent principalement dans l’espace intime, comme les "casanières", dans leur maison et jardin et peu à l’extérieur. Les "enracinées" investissent leur maison et leur village auxquels elles sont fortement attachées ; elles ne les quitteront pas, même si cela les contraint. 

Mais certaines occupent pleinement d’autres espaces : leur rue, comme les "bonnes voisines" ou d'autres communes, comme les "voyageuses". De manière moins attendue, certaines personnes occupent davantage les échelles publiques, à l’image des "dynamiques", fortement impliquées dans le village et peu dans leur maison ou des "marcheuses", pratiquant intensivement les espaces naturels. Enfin, si les "greffées" peuvent être très investies dans leur maison, elles sont généralement moins attachées à leur commune dans laquelle elles se sont installées tardivement, et plus investies ailleurs. Cette approche multiscalaire démontre d'abord que l'occupation intensive de l'espace domestique aux grands âges ne s'interprète pas nécessairement par un repli, mais est une forme, parmi d’autres, de recomposition du rapport à l’espace au fil de l’avancée en âge. Elle éclaire ensuite l'articulation des différentes échelles de l’habiter, dans le quotidien des habitant·es qui vieillissent.

Statut : Architecte, urbaniste. Docteure en Architecture et ville.
Affiliation :Centre de Recherche sur l’habitat (LAVUE-CRH)

Références : 

Articles de revue:

  • ANDRÉ Viviane et ILLE-ROUSSEL Marion, 2021, « Les politiques d’adaptation de l’habitat des seniors en France et en Allemagne », Gérontologie et société, vol. 43 / 165, no 2, p. 85‑106.
  • ANDRÉ Viviane, 2020, « Sophie Gravereau et Caroline Varlet, Sociologie des espaces », Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère. doi:10.4000/craup.3409

Thèse:

  • ANDRÉ Viviane, 2025, « De la maison au grand paysage, ménager son habitat en vieillissant. Pour une approche spatiale du vieillissement dans les petites villes et espaces ruraux du Sud-Essonne. », Thèse, Université Paris Nanterre.

Rapports de recherche :

  • André Viviane & Ille-Roussel Marion (2024) De l’humain dans l’urbain. Des espaces communs au service du projet social et solidaire de l’îlot Dupaty. Ministère de la culture. hal-05011793

Chapitre d’ouvrage grand public : 

  • Linge Alexis & André Viviane (2020) Destination Seine. Et si on s’y baignait ? in « Banlieue sur Seine : Histoire et devenir des usages et paysages du fleuve », Cahiers de la Maison de banlieue et de l’architecture.

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